Le gui, branche à feuilles persistantes synonyme de baisers de vacances, a une histoire bien plus complexe que ne le suggère son rôle saisonnier. Alors que le classique « I’ll Be Home for Christmas » de Bing Crosby évoque des images de paysages enneigés et de portes drapées de gui, les origines de la plante se trouvent dans des mythes anciens, des pratiques médicinales et une réalité écologique étonnamment brutale.
Une plante enracinée dans le mythe et la médecine
Pendant des millénaires, le gui n’était pas seulement une décoration ; il était vénéré. Les Grecs et les Romains de l’Antiquité la considéraient comme une plante sacrée, capable de conférer la fertilité, de repousser les poisons et même d’assurer un passage sûr vers l’au-delà. Rituels celtiques centrés sur le chêne et le gui, les grands prêtres les récoltant avec des faucilles dorées pour obtenir de puissants élixirs. La mythologie nordique raconte la mort de Baldr par une lance de gui, une histoire que certains interprètent comme une représentation symbolique du chagrin et d’une éventuelle réconciliation – expliquant pourquoi s’embrasser en dessous est devenu une tradition.
Les premiers médecins et scientifiques considéraient également le gui comme une panacée, traitant des maladies allant de l’épilepsie à l’infertilité. Son pouvoir surnaturel perçu provenait probablement de sa capacité à prospérer même en hiver, semblant défier le cycle naturel de la vie et de la mort. Au XIXe et au début du XXe siècle, les journaux suivaient sa disponibilité saisonnière, reflétant sa popularité généralisée.
La vérité parasite : “De la bouse sur une brindille”
Malgré ses associations romantiques, le gui est fondamentalement un parasite. Comme le note le biologiste végétal Jim Westwood, même ceux qui ne connaissent pas sa biologie le reconnaissent instinctivement. Il vole l’eau et les nutriments des arbres hôtes, même si contrairement à certains parasites, il peut toujours effectuer la photosynthèse. Le surnom de la plante, qui signifie « crotte sur une brindille », révèle comment elle se propage : les oiseaux mangent ses baies collantes et dispersent les graines dans leurs excréments. Ces graines adhèrent aux branches, assurant la germination et un nouveau cycle de vie parasitaire.
Le gui contient également des toxines, susceptibles de provoquer des problèmes gastro-intestinaux et des dermatites chez l’homme, les variétés européennes étant plus puissantes en raison de la présence d’une substance semblable à la ricine. Pourtant, son attrait généralisé a persisté, suscitant à la fois des tentatives de contrôle et d’exploitation commerciale.
Une réalité écologique moderne
Aujourd’hui, plus de 4 000 espèces de plantes vivent en parasites, et le gui demeure écologiquement important. Sa présence est facilement observable – même depuis une voiture, comme le souligne la phytopathologiste Carolee Bull – ce qui en fait un « phytopathogène charismatique ». Il prospère aux États-Unis dans plus de 35 États, en particulier dans le sud-est, le sud-ouest et le nord-ouest du Pacifique.
L’histoire de l’usine souligne une vérité simple : c’est une stratégie efficace qui consiste à voler des ressources plutôt qu’à les produire. Alors, la prochaine fois que vous vous tiendrez sous le gui, rappelez-vous qu’il ne s’agit pas seulement d’un symbole de romance, mais d’un ancien parasite résilient avec de profondes racines à la fois dans le mythe et la biologie.
